Portrait de Loray Gwondé, un expert des travaux occultes aux frontières de deux mondes

Illustration Loray Gwondé
Portrait de Loray Gwondé, un expert des travaux occultes aux frontières de deux mondes

« Nous ne sommes pas ici pour posséder, contrôler, ni même accomplir. Nous sommes ici pour offrir. »

Cette pensée, tirée des écrits de Loray Gwondé, résume l’essence d’une pratique qui se situe à rebours de notre époque. À l’heure où le spirituel est souvent galvaudé, transformé en produit de consommation, le parcours de cet ethnopraticien et expert en sciences occultes témoigne d’une quête radicale d’authenticité.

Loray Gwondé est un pont entre deux mondes. Il est l’un des rares praticiens à détenir, non par simple initiation mais par un engagement de vie total, deux titres de haut rang issus de deux traditions ancestrales majeures :

  • Houngan du Vaudou haïtien, un titre de prêtre consacré qui lui a été conféré à Port-au-Prince par les plus hautes autorités de la tradition.

  • Onanya Joni (Homme de Sagesse) de la tradition chamanique Shipibo-Conibo, un statut de chaman-guérisseur reconnu par les maîtres de la forêt amazonienne après une épreuve initiatique d’une année complète.

Son chemin n’est pas une quête intellectuelle, mais une transformation vécue dans la chair, une dévotion de plus de vingt ans au service des esprits et de la guérison de l’être dans sa totalité.

Le Serviteur des Lwas : La Voie du Vaudou

Tout commence par une blessure et l’humilité de reconnaître les limites de la médecine conventionnelle. En l’an 2000, un voyage au Togo, source du Vodùn africain, mène Loray Gwondé à une première initiation de six mois avec la racine sacrée de l’Iboga.

Mais c’est en Haïti que son destin se scelle. Guidé par la communauté haïtienne, il est accueilli au prestigieux péristyle de Mariani, à Port-au-Prince. Là, durant près de trois ans, il reçoit l’enseignement direct de l’une des plus hautes autorités du Vaudou haïtien, l’Ati National Max Beauvoir. Cet apprentissage est loin d’être livresque ; c’est une épreuve de chaque instant, un service dévoué qui le mène à gravir les échelons de la tradition.

En 2008, ce long service est consacré. Il reçoit l’Asson, le hochet sacré fait d’une calebasse et de vertèbres de serpent, symbole de l’autorité sacerdotale. Il devient Houngan, un prêtre au service des Lwa (les esprits et forces de la nature du Vaudou), reconnu et adoubé par une lignée authentique.

L’Appel de la Forêt : La Voie de l’Onanya

La voie du Vaudou, profondément ancrée en lui, l’ouvre à d’autres résonances. En 2007, un premier voyage au Pérou le conduit chez le célèbre maestro Shipibo-Conibo, Guillermo Arevalo. Le choc est immédiat. Il perçoit les similitudes profondes qui unissent les traditions : le dialogue avec les Lwa lui apparaît comme une « voie sœur » au dialogue avec les esprits des plantes.

Pour véritablement servir sur cette voie, un titre ne se décrète pas ; il se mérite par l’épreuve initiatique ultime : la Kikin Sama, la « diète forte ». C’est un processus de transformation radicale où l’apprenti doit mourir à lui-même pour renaître guérisseur.

En 2011, Loray Gwondé se retire du monde pour s’y soumettre pendant une année entière. Seul dans la jungle, il se consacre à « diéter » les plantes maîtresses (les Rao) dans le respect des interdits les plus stricts. Dans cet isolement, il ouvre son être pour que l’esprit maître de chaque plante, leur Ibo, devienne son véritable enseignant.

C’est là qu’il reçoit ses Icaros, les chants sacrés qui sont la quintessence du pouvoir chamanique. Ces chants ne sont pas des créations esthétiques, mais des transmissions directes du monde spirituel. Au terme de cette ascèse, son dévouement est reconnu. Guillermo Arevalo lui confère le titre de Onanya Joni, « Homme de Sagesse », consacrant son alliance avec la forêt elle-même.

Le Praticien d’Aujourd’hui : Bâtir le Pont

Houngan et Onanya. Comment relier les esprits d’Afrique et les maîtres végétaux d’Amazonie ? Pour Loray Gwondé, ces deux traditions parlent le même langage : celui de l’âme et de l’interconnexion du vivant.

Son travail aujourd’hui est de bâtir ce pont, offrant une approche de la guérison qui honore la totalité de l’être. Il sait que pour libérer une personne, il faut travailler sur tous les plans :

  • Spirituel et énergétique, en dialoguant avec les forces qui nous animent.

  • Psychogénéalogique, en dénouant les mémoires héritées de nos lignées.

  • Mental et émotionnel, en transformant les croyances qui nous limitent.

S’appuyant sur ses formations complémentaires en bioénergétique, psychomagie et méta-généalogie, Loray Gwondé est l’unique praticien de sa structure. Il propose un accompagnement dont la légitimité ne repose pas sur une autoproclamation, mais sur des épreuves validées par des maîtres reconnus mondialement. Son but n’est pas de vendre des miracles, mais d’accompagner chaque personne avec rigueur, éthique et un profond respect pour les traditions.

Entretien : Paroles de Praticien

Nous avons posé quelques questions à Loray Gwondé pour mieux saisir sa vision unique des travaux occultes et de la spiritualité.

On oppose souvent le Vaudou, perçu avec peur, au Chamanisme, plus « tendance ». En tant que Houngan et Onanya, quel est le lien réel entre ces deux pratiques ?

Loray Gwondé : Bonjour. En réalité, n’en déplaise à certains, rien ne les différencie. Il faut comprendre que le mot Vaudou (ou Vodun) veut dire « Esprit ». Le Vaudou est purement et simplement un chamanisme, un système animiste.

Dans tous ces systèmes, il y a ce praticien qui fait pont entre sa communauté et les entités immatérielles. Dans le Vaudou, le praticien, qu’il soit Bòkò, Houngan ou Manbo, est avant tout ce que nous nommons un « médecin feuille » ; il use de ses connaissances en phytothérapie pour guérir. Il est aussi un serviteur des esprits. Les Lwas, les esprits du Vaudou, sont nommés les « 401 forces de la nature », et la plupart des cérémonies sont effectuées aux pieds d’arbres séculaires qui sont les reposoirs de ces entités. Le terme « chaman » n’est qu’un terme générique issu du dialecte Tongouse.

Le terme « envoûtement » fait peur. Du point de vue d’un expert des travaux occultes, qu’est-ce que c’est exactement ?

Loray Gwondé : Il faut rester pragmatique. À mon sens, il n’y a qu’une seule magie, et elle est magie d’intention. L’énergie en soi est une essence neutre, c’est l’intention du praticien qui la polarise. Un « envoûtement » est une technique, un outil neutre.

La grande subtilité de ce mécanisme est que il ne s’attaque pas à la volonté consciente, mais à l’inconscient. L’induction magique agit comme un germe ; elle s’ancre sur les aspérités secrètes de la victime : ses désirs refoulés, ses tensions internes, ses culpabilités. Le message émotionnel (haine, peur, désir) trouve un écho. La victime a alors l’impression que cette pulsion destructrice ou cette passion soudaine vient d’elle-même.

C’est ce qui la rend si pernicieuse.

Vos écrits suggèrent que s’engager sur une voie spirituelle peut intensifier la souffrance. N’est-ce pas une contradiction ?

Loray Gwondé : Au contraire, c’est une manifestation du travail profond qui s’initie. Les pratiques chamaniques, ou les « travaux » (travay) du Vaudou, ouvrent des espaces où ce qui était enfoui devient visible, où ce qui était silencieux se met à crier.

Dans la tradition, on enseigne que l’Esprit ne guérit pas à notre place : il révèle. Il révèle ce qui doit être vu et traversé. C’est une alchimie. Le plomb de la souffrance ne peut devenir l’or de la conscience qu’à condition d’être pleinement accueilli. Ce chaos apparent est le signe d’un grand réalignement. Comme le dit un adage, « celui qui tombe à l’eau cesse de craindre la pluie ». C’est en allant au fond de la crise que l’on trouve la guérison authentique.

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